Neopai
Parue en 1999 sur l’album Dolly, « Quand l’herbe nous dévore » dévoile la face la plus sombre du quatuor lyonnais. Emmenée par la voix douce-acide d’Émilie Satt, la chanson bâtit un contraste marqué : riffs pesants, batterie rampante, et un texte sophistiqué qui dépeint l’érosion du désir dans un décor de lattes de sommier et d’étreintes mécaniques. Composée dans un squat devenu studio éphémère, la maquette d’origine était presque folk ; le groupe l’a durcie en studio pour traduire l’étouffement suggéré par les paroles.
De quoi ça parle ?
Le morceau décrit la lassitude qui grignote un couple comme une herbe envahissante : amertume, gestes maladroits, promesses usées. Les images domestiques – lit branlant, draps secs, jouets Playmobil – évoquent un terrain de jeu devenu champ de ruines affectives. « L’herbe » symbolise à la fois l’abandon et la nature sauvage qui reprend ses droits quand la passion s’étiole. Le refrain insiste : nos vices persisteront « quand l’herbe nous dévore », signifiant que la chute est inéluctable si l’on ne rompt pas la routine.
Anecdotes et interviews
🌿 Sample de pierres frottées
Le petit cliquetis au début provient de cailloux frottés sous un micro, enregistrés derrière le studio ICP Bruxelles.
🛏️ Matelas éventré en concert
Lors de la tournée 2000, Émilie déchirait un sommier sur scène durant ce titre, métaphore visuelle de la phrase « de sommiers lâches en lattes rances ».
🎛️ Deux versions mixées
La première, jugée « trop propre », a été rejetée. Le groupe a volontairement saturé les cymbales pour rendre l’ambiance plus rêche.
🎤 « Je voulais écrire sur le moment où l’on reste ensemble par habitude, quand même les draps te griffent. » — Émilie Satt, *Rock & Folk*, 1999
🎤 « La chanson est née après une nuit d’insomnie ; l’image de l’herbe qui pousse dans une chambre m’a hanté jusqu’au matin. » — Mickaël Cherrier, *France Inter*, 2005
Paroles
L’amertume mutile nos efforts
Mielleusement de prime abord, alors
Tout en haut des cimes
Nos vices se décimeraient encore
Nous dessinent quand l’herbe nous dévore
De sommiers lâches en lattes rances
D’étreintes vives en ultime indifférence
Lassitude au charme indélicat
Plaisirs monocordes et des joies monotones
Nul doute ne prime
Quand les envies suppriment les remords
Nous désirent quand l’herbe nous dévore
De sommiers lâches en lattes rances
D’étreintes vives en ultime indifférence
D’artifices arrogants en soldats playmobil
D’acides attouchement en gestes si malhabiles
Draps secs et perverses ont gouté mon sang
Sans autre sentiment
Songes et paroles de bois
Ne trouvent aucun éclat
Que des promesses salies
De sommiers lâches en lattes rances
D’étreintes vives en ultime indifférence
D’artifices arrogants en soldats playmobil
D’acides attouchement en gestes si malhabiles
L’amertume mutile nos efforts
Vidéo officielle
Crédits
📀 Album : Dolly
📅 Année : 1999
✍️ Auteurs : Émilie Satt, Mickaël Cherrier, Nicolas Bonnière, Thierry Bonnière
⏳ Durée : 3 min 27
🎸 Style : Rock alternatif / Pop sombre
